Le décès de Raymond Lévesque, souligné par tout le Québec, se doit de recevoir un hommage bien particulier de la part de la Société historique de Saint-Henri.
Ce chansonnier n’est pas né à Saint-Henri. Il n’a pas habité le quartier. Il ne faut se souvenir de lui que la chanson composée pour le film d’Hubert Aquin, “À Saint-Henri le 5 septembre” réalisé en 1962.
Une chanson toute simple, pleine de rimettes mais remplie d’émotions. La chanson décrit le quartier Saint-Henri comme un lieu difficile et triste. Fait étonnant, c’est ce que le documentaire des jeunes futurs élites culturels et sociaux de l’époque, venus chercher la pauvreté dans les fonds de cour, n’a rien trouvé de tel. Saint-Henri était un quartier ouvrier et modeste, à l’image de toutes les communautés du Québec de cette époque. En 1962, la jeunesse commençait à s’émanciper comme partout ailleurs. La Révolution tranquille jetait les bases d’un nouveau Québec qui sortait de la grande noirceur. Comme Saint-Henri qui sortait de sous le nuage noir des fumées des trains et des usines. C’était l’époque du premier Comité de citoyens qui a osé défier l’immobilisme des institutions gouvernementales pour obtenir une nouvelle école, une bibliothèque, une piscine, des arénas, pour le bien-être des résidents de Saint-Henri.
Si vous n’avez jamais vu ce film, découvrez-le sur le site de l’Office national du Film du Canada en suivant le lien ci-joint. C’est un film d’une autre époque. Ayez la patience de le visionner au complet. La conclusion est rassurante. À la fin, vous pourrez entendre la chanson de Raymond Lévesque.
Si vous n’avez jamais vu ce film, découvrez-le sur le site de l’Office national du Film du Canada en suivant le lien ci-joint. C’est un film d’une autre époque. Ayez la patience de le visionner au complet. À la fin, vous pourrez entendre la chanson de Raymond Lévesque.
Pour entendre seulement la chanson cliquez sur ce lien.
Il y décrit en mots simples comment, malgré les difficultés “On rit à Saint-Henri”. En voici les paroles:
C’est un quartier curieux,
et dans les vieux fonds de cours
y a un enfant heureux
qui en sortira un jour.
Mais au bout de la rue,
à cause du chômage,
y a un homme qui a bu
en cherchant de l’ouvrage.
On ne s’en fait pas pour ça
et je dis chapeau bas,
car malgré tout on rit,
à Saint-Henri
Une dizaine par famille,
plus vite que plus tard.
Les plus vieilles à l’aiguille
reprisent les gueulards.
On pousse à qui mieux-mieux,
imitant les plus vieux,
et aussitôt qu’on peut,
on s’efface des lieux.
Un peu d’éducation,
mais manquant d’affection,
on d’vient des endurcis
à Saint-Henri.
Avec le CPR,
qui gueule son cafard
en arrière du quartier,
crachant de la fumée,
on se croit en enfer.
Et les grincements de fer
de l’époque moderne
nous refoulent dans les tavernes.
On oublie sa misère
devant un verre de bière
qu’on achète à crédit,
à Saint-Henri.
On se marie à 20 ans,
aussitôt des enfants;
mais comme c’est trop vite,
la misère est sa suite.
On s’installe dans un salon,
au grand, c’est comme selon
ce que l’union pourra, obtenir par contrat.
Si les prix montent encore,
qu’on me débarque à bon port.
Elle travaillera aussi, à Saint-Henri.
Mais si la vie est dure
et qu’souvent le mercure
se tient plutôt en bas,
qu’on a faim qu’on a froid,
que l’on a pas d’ouvrage,
qu’alors c’est le chômage.
Avec ces longues journée,
à trainer ses souliers;
on ne s’en fait pas pour ça,
mais je m’échappe au pas.
Car malgré tout on rit
à Saint-Henri.